Ouest-France Tom SAVARY. Publié le 25/08/2023 à 20h00

REPORTAGE

« Hissez la drisse » : à bord de la « Neire Maôve », le langage marin se découvre

 

Lors d’une excursion aux îles anglo-normandes des Ecréhou, à bord de la Neire Mâove, un équipage de neuf personnes a appris les bases de la navigation. Avec, en prime, l’apprentissage de la langue des marins. Short mauve robuste, casquette Transat Jacques-Vabre, lunettes de skipper réfléchissantes. Philippe Bois, passager de Neire Mâove, a tout de la dégaine du vieux loup de mer, vendredi 18 août 2023. Encore plus quand il tient la barre de la goélette à la place de la capitaine de bord, Clotilde Montouroy. L’homme aux cheveux grisonnants du Val-de-Saire est un habitué de la navigation. Et n’hésite pas à étaler sa palette lexicale du langage marin : « Pétole » ; « bout » ; « drisses » ; « écoutes » ; etc. Il maîtrise.

 

Clo et Ilde, à la barre de Neire Mâove

Dès le départ de l’excursion vers l’archipel anglo-normand des Ecréhou, le Sairois s’occupe de décrocher les bouées d’amarrage. Puis vient immédiatement tirer la drisse pour hisser la grand-voile. Il se montre proactif à la plus grande satisfaction des deux capitaines, qui se nomment Clotilde – Montouroy est la capitaine et Enguehard est la second. Ces dernières se font appeler Clo et Ilde pour se distinguer et naviguent ensemble sur la goélette depuis le début de la saison estivale pour l’association des Vieux gréements en Côte des Isles. À bord, le principe est simple : tout l’équipage est mis à contribution. Avec, en prime, l’apprentissage de la langue des navigateurs. Parce que quand Clo ou Hilde donnent les ordres, même si elles font preuve d’une grande pédagogie, il faut pouvoir les comprendre. D’ailleurs, c’est l’heure de hisser la misaine. Pendant que la capitaine déplace le navire au près pour faciliter la manipulation, deux binômes se mettent en place. L’un prend la drisse de pic, l’autre de mât. Et tirent sous le regard avisé de Clotilde Enguehard. Le même schéma se répète pour le foc, ainsi que pour le tape-cul. Les voiles auriques sont hissées, Philippe Bois à peine rassasié.

 

Le langage marin, tout un univers

Seul problème, c’est « pétole » aujourd’hui constate le Sairois. Face à cette mer d’huile et ce faible vent, le vieux gréement n’avance qu’à 4 petits nœuds, soit environ 7 km/h. Et ce, malgré les manœuvres de Clotilde Montouroy, qui lofe afin d’absorber le maximum de souffle dans ses voiles. Elle doit démarrer le moteur.

Après trois heures de navigation depuis Barneville-Carteret, les petites îles des Ecréhou se dessinent au large. Le mouillage approche. L’équipage se remet en ordre de marche pour affaler les voiles. Le principe est semblable au hissage de ces dernières. Chacun retrouve son poste.

Puis à l’arrivée dans la crique de l’île presque désertique, Clotilde Enguehard s’occupe de mouiller l’ancre et établir la boule de mouillage. Le bateau fin prêt, tout le monde débarque sur terre, dans ce petit coin de paradis.

 

Photos :

1°) À bord de la Neire Mâove, l’équipage hisse le foc ce vendredi 18 août 2023. (Ouest-France)

2°) Philippe Bois, de dos, tient la barre de la Neire Mâove, aux côtés de la capitaine, Clotilde Montouroy. (Ouest-France)

3°) Clotilde Montouroy, skippeuse et capitaine de la Neire Mâove. (Ouest-France)

4°) Clotilde Enguehard, second capitaine de la Neire Mâove, s’attelle à hisser le tape-cul. (Ouest-France)

5°) Le bout-dehors en premier plan, les Ecréhou en second. L’arrivée à l’archipel anglo-normand s’approche. (Ouest-France)


Le 18 aout 2023, Neire Mâove accueille un journaliste du quotidien Ouest-France qui souhaitait faire partager avec ses lecteurs et avec sans doute également, de futurs (es)  passagers(ères), ce lieu magnifique et magique, si près et si loin de "che nous" : L'île des Ecréhou.

 

Article écrit et Publié le 22/08/2023 à 06h30 par Tom SAVARY. Ouest-France

 

De son nom français Mouette Noire, le vieux gréement des années 1990 propose des excursions touristiques vers les îles anglo-normandes. Ce vendredi 18 août 2023, Ouest-France a embarqué direction l’archipel des Ecréhou, depuis Barneville-Carteret (Manche).

Le bout-dehors pointé vers l’horizon, les quatre voiles hissées hautes, l’embarcation Neire Mâove cingle vers les Ecréhou depuis Barneville-Carteret (Manche). La mer est calme, c’est « pétole » aujourd’hui vendredi 18 août 2023. Le vieux gréement, construit au début des années 1990 à la suite d’un concours lancé par le magazine Chasse-Marée, avance à 4 nœuds, soit environ 7 km/h. La détente est maximale, bercée par le flot des vagues.

À bord, les deux capitaines se nomment Clotilde. 

Elles se font appeler Clo et Ilde pour se distinguer et naviguent sur la goélette depuis le début de la saison estivale pour l’association des Vieux gréements en Côte des Isles.

À chaque sortie, près de vingt places touristiques, au prix de 85 € chacune, sont disponibles pour visiter plusieurs lieux : les Ecréhou, Jersey, Chausey, Sercq, Aurigny.

Aujourd’hui, c’est direction l’archipel anglo-normand des Ecréhou. Avec une particularité : tout l’équipage est mis à contribution. Que ce soit pour hisser les voiles mais aussi pour les affaler ou tenir la barre en pleine mer. Des missions que Philippe Bois, passager, exécute avec soin. Matelot dans le Val-de-Saire, l’homme ne cesse de donner un coup de main pour son plus grand plaisir personnel.

Puis, après trois heures de navigation, l’archipel des Ecréhou se dessine au large. Au rythme des flots, l’île se découvre peu à peu. Les vagues descendantes laissent émerger de la roche, noircie et des bancs de sable. L’endroit est pittoresque, atypique, inhabité. Quelques maisonnettes siègent tout de même sur l’archipel. Mais ni eau courante, ni électricité les alimentent.

Seul un homme, Alphonse Le Gastelois y aura vécu durant quatorze années. Un exil qui lui a valu la renommée de « seigneur des lieux ». Et ce, même si sa requête, auprès de la reine Élisabeth II (duchesse de Normandie) pour obtenir ce titre, fut rejetée par le Conseil privé de sa Majesté.

Avant de repartir vers Barneville-Carteret, tout le monde est débarqué sur l’île principale pendant un peu plus de deux heures. C’est quartier libre et le moment de profiter de cet endroit paradisiaque.

Sieste, lecture, balades et baignade sont de mises. Avec, en prime, l’apparition d’un bébé phoque au milieu des baigneurs. Et comme la nature est merveilleuse à contempler, un ballet de huit dauphins viendra conclure cette journée idyllique. 

 

photo 1 : du haut de la petite citée d’une dizaine de maisonnettes, aux Ecréhou, le panorama est somptueux. OUEST FRANCE

photo 2 : La goélette « Neire Maôve », amarrée dans la baie des îles Ecrehou. OUEST FRANCE

photo 3 : La capitaine, Clotilde Montouroy n’a pas hésité à laisser la barre à Philippe Bois, passager, pour son plus grand plaisir. OUEST FRANC

photo 4 : Sur l’île des Ecrehou, aucun habitant réside à l’année. Le petit village reçoit ses occupants durant la saison estivale. OUEST FRANCE